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Pour te garder toujours à portée des yeux
Je t’ai mise sous verre,
Ma muse courtoise,
Avec encadrement de bois
Stuqué et doré du dix-neuvième siècle
Avec marie-louise,
Jolie gravure du dix-huitième siècle signée

Sigmond Freudeberg, peintre et Antoine Louis Romanet, graveur !
C’est une scène galante :
Tu prends le bain
Et Justine, ta servante t’apporte sur un plateau
Un billet-doux et ta tasse de chocolat chaud
"De la Lettre ou du Chocolat, que préfère Madame?!."
Dit Justine avec le regard complice de l 'entremetteuse.
Ah ma chère Justine, j'ai le coeur bien plus délicat,
Plus faible infiniment, hélas que la poitrine!"
Puisque c’est toi madame
Tu choisirais d’abord la lettre ou le chocolat ?
Never ever call me that name again ever

Understood, poacher ?

You know ! This is one reason

I mark my territory,

I don’t give my flesh out easily

I have too much pain associated

With my birth name.

Write it down in capital letters

My name is PANGOLIN MUSE !

Want me to spell it for you ?

P – A – N – G – O – L – I – N  M-U- S - E !

PANGOLIN MUSE!

Stress on the first syllable just as mandolin, please !

That’ll be it for phonetics !

And don’t call me ever something else

whatever, will you ! I’m serious !

Weaned I am not yet !

Or I’ll Flame you with my stinky fluid,

Secretive scent from way over down there,

From my solitary underground burrows !

Or I’ll flame you with my sticky tongue,

Whoever you are

Under the bark !

Or I’ll flame you with eyes wide shut

You know I can hypnotize !

I’m no nocturnal Delicacy

I’m no red hot ant !

Wanna please me ?

You know what ?

Call me just Muse

And put yourself in position;

One Two Three

Scales in

Four Five Six

Scales out

Seven Eight Nine

Curl up

Ten Eleven Twelve

Roll baby roll

Let do the ant and pangolin dance

Stick that tongue out

And try to reach the furthest you can

but first are you willing to hear that old lullaby ?

Eyes naked

Claws Naked.

We have just started the initial steps.

Step one :

We are fully dressed still.

You’re the ant, I’m the pangolin, today !

Tomorrow, vice versa ! Or you’d rather try the contrary ?

Or you’d rather toss head and tails ?

On top or under the bark ?

Horizontal or vertical ?

Perpendicular or Parallel ?

We’re both the visitors of the same bark

Faraway Feathers of the same Wild Wordsmith

Who dreamt once ant and pangolin

So let’s start that ant and pangolin dance.

Now let me slide into you

Like a thirsty moon-mosquito

At the nape of your neck !

Or you’d rather have me

Dive into the very abyss of your niples ?

Let me soothe you softly with my wings of fire

Oh I’ve been yearning for so long

For those pomegranates of you

To quench my thirst

On those purple pillows.
Ma muse fildefériste, ma lionne ! ! !
Et si on dansait dans l 'ombre ,
La danse cinghalaise des couteaux
Sous la houlette du feu de Manuel de Falla
Funambules enlacés sur une corde raide
En chanvre de Manille
Trompe-la-mort sans balancier,
A cinquante mètres au-dessus de l'abîme
Combien de verges pourrais-tu marcher
Sans te rompre le cou, mon Atalante,
Pendant que je traverserais tes chutes du Niagara
De nuit en plein feu d'artifices
Avec la vélocité d'Hippomène
A cloche-pied, à califourchon,
Sur la tête, les bras ouverts
En faisant sauts périlleux arrières et grands écarts
Sur des échasses et avec un sac sur la tête ?
Ou préférerais-tu que je te prenne en brouette
Sur les trois cents mètres de la corde aérienne
Et qu'en lieu et place des trois pommes d'or
Je te retarde de tous les trésors que je possède
De fleurs et de lanternes de toutes les couleurs
De confettis et de guirlandes.
J'ai préparé une bonne bouteille d'eau-de-vie
Que nous sabrerons allongés sur la corde
En dignes animaux à deux pieds et sans plumes
Dans la posture que tu voudras du Kama-Sutra
En portant un toast à Blondin,
Le daredevil de Niagara Falls
Avant de nous couvrir de l'or, de la myrrhe et de la rosée
Des eaux de nos volcans secrets
Je voudrais avant l'ultime explication
Avant qu'on n 'enterre sous nos mahots bleus,
Nos arbres à pluie et nos figuiers étrangleurs,
Panthéons naturels de nos divinités
Nos cordons ombilicaux amoureux,
Je voudrais, ma fine amour,
Qu'on fasse ripaille dans les Terres Inconnues
Qu'on fasse les 800 coups dans la Mer Dangereuse
Qu'on mange, qu'on rie, qu'on s'émeuve dans la Mer d'Inimitié
Qu'on prenne à bras le corps nos insaisissables cris et gémissements
Incompréhensibles de dugongs et de baleines à bosses
Qu'on s'en saisisse et qu'on les épingle
Comme des papillons rares sur une planche
Ou des fougères phosphorescentes sur un herbier
Sous du papier buvard avant de les faire sécher
A l'étuve de nos passions microendémiques.
Etudions la fréquence de nos cris
Et de nos épanchements
Grâce aux balises GPS
Inventorions les sauts intimes, les semences nouvelles, les racines-arceaux
Et donnons un nom local et scientifique à chaque nouvelle espèce
A chaque nouvelle danse, morsure, griffure ou caresse
Récupérons des spécimens de nos territoires
Identifions les hot spots de notre patrimoine amoureux
Et en fonction de leur risque d'extinction
Elaborons un plan de sauvegarde de la biodiversité
De notre Carte de Tendre
De nos fonds, de nos mangroves et de nos pitons.
Nous sommes botanistes, océanographes et naturalistes
Nous sommes vétérinaires de notre réserve naturelle
Notre jardin des plantes, notre forêt, notre laboratoire
Notre pépinière, notre refuge, notre corps tropical.
J 'ai enfin fait le deuil de ma Muse
Ce n 'est plus Ma Muse
Ni la Muse
C 'est Muse tout simplement
Majuscule sans déterminant.
Cosmique !
Sans fleurs ni couronnes !
J 'ai sondé la nuit noire
Et sa vulve béante
Souriait de mille étoiles filantes
Et j 'ai trouvé la paix
Aux côtés de l 'ombre de Muse
Qui m'a fredonné à l 'oreille
Dans mon demi-sommeil
Un ***-pourri de valse oubliée
Et de fantaisie pour orgue en ré bémol majeur :
Carmen Sylva.
Femme, Mère, Reine et Poètesse :
Muse. Terre de Feu.

Et j 'ai dansé aux obsèques de Muse
Ma valse musette invisible
J'ai vu un cirque et des clowns
Et des ourses et des prestidigitateurs
Des chevaux andalous et un couple nu,
Catalina et Hespérion, qui tournoyait
Entre coquillages, crustacés et méduses
Sur le sable d'une plage céleste
Abandonnée aux rayons de lune.

Puis Muse a disparu dans la queue d'une comète
Ne me laissant pour vestiges que le doux surnom
De Câlin le Fou et une toupie à son effigie.
Nos chemins se sont croisé et décroisé
A distance
Nous étions pèlerins de jeux antédiluviens.
Nous nous sommes envoûté de mots
Et de rêves d'ombres et de chair
Et seuls nos mots peuvent désensorceler
Nos sangs et nos dieux archaïques.
Nos mots sont des onguents, des potions magiques
Des philtres et des pommades
Dotés de pouvoirs incomparables.
Ce sont des déictiques et embrayeurs
Ils accomplissent par la seule force du Verbe.
Instantanément.

Nos mots sont des poudres miracles dont nous baptisons nos envies
Et ils sécrètent leurs propres antidotes.

Il ne nous restait plus qu'à les mettre en scène,
Titiller nos mamelons lubriques,
Mordiller le creux de nos nuques et aisselles,
En dansant la danse des dugongs ou des pangolins
Mais chacun a sa propre lecture
Son propre phrasé
Et le déhanchement des Muses Dugongs
N'est en rien celui du Poète Pangolin.
Rendez-vous posthume, donc.
Aujourd'hui j'attendais ma muse
Sans trop me faire d'illusions
Comme chaque matin de mes jours
Je lui ai préparé son café et ses billets doux
Mais ma muse boude depuis quatre jours et quart
Ma source d'eaux charnelles s'est desséchée
Ma muse n'est plus ma muse
Pas même un filet de muse chez le poissonnier ou le boucher
Ma muse ne fait plus mumuse
Ma muse tarie ne frissonne plus
Ne viendra pas jouer mon ombre
Ne jouira plus de mes délires d'orphie.
C’est un fait accompli, mûri, implacable
Et je me rends aux évidences.
Mais l'oiseau est têtu et bande encore de joie
Sur l'élan magistral qu'elle lui a impulsé :
Je mordille, je griffe, je câline,
Je bois, je lèche, je grignote,
La distance qui nous lie désormais
Lentement comme une corde raide
Un pacte d'amour courtois
Inébranlable,
Irremplaçable .
Chaque poème que je sculpte dans le bois pour ma muse égarée
Est un bout de sentier lumineux que je façonne
Dans la glaise de la route de mon pèlerinage infatigable
A la recherche des volcans éteints de ma muse.
C'est un chemin de Compostelle
Que j 'ai semé de ma trace d'olisbos de bois noir tendus vers le cosmos
avec son image gravée
Qui stridulent de plaisir à l 'approche de la lune descendante.

C'est seulement hors sève que mes mots acceptent
En holocauste que ce bel ébène de bonne grâce
Soit coupé scié laminé en bonne lune
Pour servir de festin lubrique à ma muse.

Oh my God, dit ma muse
Qui pourtant ne parle pas la langue de Shakespeare,
Eblouie par la majestueuse forêt de godemichés
De belle patine couleur miel
En repos végétal.
In God we trust, lui répond en stridulant
toute l 'animalité volatile perchée au sommet de Priape
Entre roses et croix :
Ultreïa ! Ultreïa ! Et Suseïa ! Musa adjuva nos !

Ma muse devant un tel charivari frissonne
Prend ses jambes à mon cou
et dégouline du diable vauvert
Sans demander son reste de canon à cent voix
Maudissant les molles bandaisons du poète infidèle
et vouant aux gémonies la lune, cette dévergondée,
L 'accusant de guet-apens et autres sornettes
Artificielles et sordides.

Ultreïa ! Ultreïa ! Et Suseïa ! Musa adjuva nos !
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